Mon Violi,
Tu étais un sacré cas, et comme l'a dit notre gentille véto, un rat solide, avec un cœur en béton et une belle volonté de vivre. Mais ton obstination à t'accrocher à la vie t'amenait doucement à souffrir, et comme tu ne te décidais pas à lâcher la rampe, j'ai du te forcer à partir. C'était tout toi çà, t'entêter comme un forcené !
Alors j'ai demandé à la véto de te faire baisser le rideau. Oui je sais mon ratou, the show must go on, mais il faut savoir tirer sa révérence au bon moment, et quitter les feux de la rampe tant qu'il est temps. Même si je t'ai poussé vers la sortie c'est donc la vieillesse qui est la cause de notre séparation. Et c'est bien.
Mais bordel tu me manques ! Je ne suis pas très polie mais tu n'étais pas franchement délicat non plus. Le meilleur moyen de te rendre hommage est d'être très brut de décoffrage, comme toi ! Et la meilleure formule que je peux trouver pour mon petit paquet de nerfs, c'est que sans déconner, t'étais un putain de rat !!!
Je suis sûre que t'apprécies les termes.
Je n'ai pas pu trouver une seule photo nette de toi étant raton. Forcément, tu étais tellement speed et trouillard qu'il n'y avait pas moyen de faire le point... Tu es resté speed et trouillard après cela dit, mais tu as appris à me faire confiance. Et de toute façon plus on devient gras du bide plus il est difficile d'embrouiller l'objectif
En cherchant une photo de toi correcte à cet âge-là, je me suis dit « c'est bien mon Violi çà, pas une seule image potable de lui... » Même dans l'au-delà tu es relativement casse-bonbons
C'est étrange de savoir que tu étais aussi nerveux que ton frère était calme, aussi peureux qu'il était curieux. Je l'ai choisi pour ses qualités, je t'ai choisi pour tes défauts. Aucun sens à çà, on était destinés.
Nous deux c'était une rencontre, et je pense encore avec émotion à cet instant où tu t'es calmé dans ma main et m'a léchouillé, alors que ta première maîtresse s'apprêter à te remettre en cage tellement tu étais nerveux et « pas adoptable ».
Petit couillon, tu pensais m'embobiner avec tes bisous ; arrivé à la maison tu t'es planqué et je ne pouvais plus t'approcher ! Mais je n'étais pas dupe de ton numéro de charme tu sais. J'ai lu en toi dès que mon regard s'est posé sur ta frimousse, et je savais bien que tu me donnerais du fil à retordre une fois chez nous. A ta manière c'est vrai que t'étais pas adoptable, à côté de tes frères si sociables.
Pourtant mon petit raton flou est devenu un raton net...à travers les barreaux
Au prix d'une patience en or (bah oui je suis une nerveuse comme toi, alors ça m'a coûté!) tu es devenu mon bisouilleur pot-de-colle chochotte ! Un couineur de première catégorie qui adorait sa maîtresse et son frère
...et détestait tous les autres. C'est comme çà que tu vivais, dans les extrêmes^^ Pas de demi-mesure. Tu avais horreur des autres êtres humains, et c'est vrai qu'il te le rendait bien. Pas facile pour eux d'apprécier un rat hyperactif peureux colérique qui couinait comme un comédien à la moindre occasion... Je suis pourtant partie en croisade pour toi, je défendais ton honneur...tandis que tu pissais consciencieusement sur les affaires de ces bipèdes indésirables.
Tu as vécu à 100 à l'heure pratiquement toute ta vie mon loulou, et tu m'as cassé les pieds plus d'une fois.
Je crois que tu voulais être sûr de marquer ton passage, et tu t'es attelé à cette tâche avec application : à la poubelle ma couette, mon pyjama, ma paire de converses, mes quatre paires d'écouteurs, mon jean, la télécommande de ma TV, mon porte-monnaie, le deuxième tome des Harry Potter, mon album photo du lycée, mon écharpe... Etc, etc, etc....
C'était pas la peine mon gros, je t'aime trop fort pour t'oublier.
Tu étais mon gros loulou et cet amour déraisonnable que je te porte ne risque pas de s'évaporer ; tu n'avais pas besoin de tout détruire sur ton passage !
Ca m'attriste un peu de savoir que je resterai la seule à te voir tel que tu le mérites : un rat un brin fêlé mais totalement câlin. Un petit malin qui méritait absolument d'être aimé infiniment. Mais bon ces humains que tu détestais tant, qu'est-ce qu'ils peuvent y comprendre hein ?!?
Je me dis que tu as eu une belle vie pleine de câlins et de friandises, de siestes en tas, et de grignotage d'écouteurs. La vieillesse t'as emporté tout doucement, calmement, de plus en plus loin de moi, de plus en plus près de ton frère. Sereinement. Et pourtant j'ai mal aux tripes et le cœur au bord des yeux, faut le dire.
Tu rejoins donc ton frère, et il doit se dire que ses vacances sont terminées !
Je voulais te dire adieu comme je l'ai fait pour lui, te dire que la confiance exclusive que tu avais en moi m'étais très précieuse, que tes bisous et tes épisodes clownesques me manqueront. Tu me manques espèce de grosse nouille.
N’enmerde pas trop les ratous des autres bipèdes, qui pourraient se trouver sur le même nuage de gruyère que toi.
Je t'aime mon bisouilleur.
Au revoir.